Les tests de dépistage de la maladie du Covid-19 se déroulent dans les locaux de l’Inrape.
Modifié le 9/05/2020 à 13:00
Le laboratoire chargé d’effectuer les tests de dépistage du Covid-19, et qui se trouve dans les locaux de l’Inrape, à Mde, fonctionne désormais normalement. Toutefois, seulement 5 000 tests sont disponibles pour l’instant. Explications.
Le 30 avril, le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, a confirmé la présence d’un premier cas officiel de coronavirus sur le territoire des trois îles de l’archipel. « Il s’agit d’un compatriote âgé de 50 ans vivant aux Comores, ayant côtoyé un ressortissant franco-comorien malade qui a séjourné dans le pays à partir du 18 mars », a-t-il indiqué dans son discours. De rajouter : « Le patient a été admis à l’hôpital El-Maarouf, le 23 avril, pour toux, maux de gorge, fièvre et gêne respiratoire. Des échantillons ont été prélevés sur lui, conservés dans les conditions requises puis été envoyés à l’Inrape pour analyse par PCR. » Depuis sept nouveaux cas ont été confirmés : quatre à Grande-Comore, trois à Mohéli.
L’Inrape, l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, la pêche et l’environnement, est situé à Mde, un village à deux kilomètres au sud de Moroni. C’est dans ce bâtiment, au sud à côté de la plantation des serres, que se trouve le laboratoire censé procéder aux tests de détection du coronavirus. Samedi 2 mai, nous décidons de nous y rendre pour rencontrer le personnel et tenter de comprendre comment se passent les tests, évoqués par le Président dans son discours.
A l’extérieur, une dizaine d’ouvriers sont à pied d’œuvre. Pelles, planches, ciment et sable traînent un peu partout. Ils construisent trois extensions devant le bâtiment. « A droite, c’est l’entrée du patient pour son analyse. Au bout à gauche, c’est la sortie. Ici, au milieu, c’est là où on va s’enregistrer », explique un des ouvriers en pointant un à un les trois ouvrages.
A l’entrée du bâtiment, il n’y a personne, hormis les hommes du chantier. A l’intérieur non plus. Nous sommes maintenant devant le laboratoire. Les clefs sont sur la porte. Une note a été placardée : « Cette porte doit rester fermée. ». A travers la vitre, nous apercevons des machines un peu partout, trois réfrigérateurs et un congélateur. Les machines sont à l’arrêt et il n’y a personne.
« Il y a trois jours (NDLR, 29 avril), aux environs de 15 h, trois personnes en blouses blanches sont venues nous dire d’arrêter de travailler car elles voulaient utiliser le laboratoire. Mais depuis, plus rien”, raconte un ouvrier.
Nous décidons de revenir un peu plus tard, à midi. Même constat : la sécurité est inexistante et toujours personne à l’intérieur.
Le coordonnateur de lutte contre le coronavirus, porte-parole du gouvernement, Houmed Msaidie, reconnaît le manque de sécurité des lieux et promet de « régler ce problème ». Par contre, il affirme que le « laboratoire fonctionne ». Selon lui, l’absence de personnel sur les lieux s’explique par le fait que « la plupart du temps le travail se fait la nuit. L’équipe ne peut pas travailler le jour car ça serait dangereux pour les ouvriers ».
Le Dr Hafidhou Mohamed est médecin épidémiologiste, responsable de la veille sanitaire covid-19. Interrogé quelques jours plus tard, le 7 mai, il reconnaît “un retard” à l’allumage. “Nous avons commencé à travailler le 29 avril. Le lendemain, le Président a confirmé le premier cas. Mais il y avait des cas suspects avant.”
Il affirme que le laboratoire fonctionne désormais tous les jours, “de 8 h à 22 h”. “Nous effectuons 13 à 20 tests par jour. Nous testons en priorité tous les cas suspects. Ce sont les numéros 1. Puis viennent les personnes qui ont été en contact avec les cas suspects et les personnels soignants”, explique-t-il.
Le laboratoire dispose de 30 000 tests. “Malheureusement, les 25 000 qui nous viennent de l’aide de Jack Ma ne sont pas compatibles avec le matériel que nous avons. Nous attendons encore du matériel”, indique le Dr Hafidhou Mohamed.