Entrepreneuriat : “Hésiter à se lancer, c’est comme hésiter à vivre”

Azhar Bacar (à droite) sur le stand de sa société Cbon Business Solutions, lors du forum World summit awards arab digital innovation forum, qui s'est tenu au Liban en juin 2019.
En 2014, Azhar Bacar a créé son entreprise 100 % digitale, Cbon Business Solutions, à Moroni. Expert comorien reconnu dans son domaine, ce fervent défenseur de l'entrepreneuriat n'a pourtant pas eu un parcours linéaire.
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En 2014, Azhar Bacar a créé son entreprise 100 % digitale, Cbon Business Solutions, à Moroni. Expert comorien reconnu dans son domaine, ce fervent défenseur de l’entrepreneuriat n’a pourtant pas eu un parcours linéaire.

Propos recueillis par Hayatte Abdou

Cela fait cinq ans que vous avez créé Cbon Business Solutions. Que propose votre société ?

Cbon Business Solutions est une entreprise née d’une idée, d’une vie, la mienne. Toutefois, j’ai dû choisir des partenaires pour la concrétiser. Nous étions cinq jeunes, cinq compétences alors, autour d’une structure innovante et 100 % digitale. Cbon Business Solution propose la création de sites web, la vente en ligne. C’est aussi une agence de voyage, de courtage et de représentation de sociétés, le tout autour de la communication en général et la communication digitale en particulier.

Comment avez-vous eu l’idée de devenir votre propre patron ?

Je ne dirais pas que l’idée était de devenir mon propre patron mais plutôt d’être indépendant. Depuis tout petit mon père nous a toujours conseillé de suivre des filières qui nous permettraient d’être professionnellement indépendants, notamment le commerce. J’ai nourri l’idée de plusieurs expériences : la maçonnerie, la meunerie, la soudure, le commerce ambulant, l’électronique et enfin l’informatique que j’ai découvert à l’âge de 14 ans. 

Avant de créer votre société en 2014, vous avez plusieurs vies professionnelles. Racontez-nous

Après avoir décroché mon DUT en Technique de gestion du tourisme et hôtellerie à l’université des Comores en 2010, j’ai travaillé à l’hôtel Itsandra, à Moroni, en tant qu’assistant du directeur commercial. Deux ans plus tard, j’ai occupé le poste de directeur général du MwezyLang, l’actuel Motel Ami. C’était une lourde tâche à 27 ans à peine. Je devais gérer un personnel plus âgé que moi et supporter la pression des patrons. Je me suis battu bec et ongles pendant presque une année.

Qu’avez-vous fait ensuite ?

Un mois après mon départ, j’ai été rappelé par le directeur général du Cristal Itsandra hôtel de l’époque, pour un poste de contrôleur des coûts. Trois mois plus tard, un ami est venu me solliciter pour gérer son agence de voyage. J’ai discuté de ma proposition avec le directeur de l’hôtel et nous avons jugé nécessaire que je puisse acquérir de nouvelles compétences. Cependant, après neuf mois de périples et d’endurance, j’ai fini par démissionner. je suis retourné chez moi pour aller me reposer la tête et revoir mes plans.

Comment avez-vous opéré votre virage dans l’informatique ?

Rester les bras croisés ne m’enchante guerre. J’ai fini par revoir la personne la plus importante de ma carrière, Farouk Attoumani, directeur de la société Sharlyoung Corporation. Je l’ai connu à l’hôtel Itsandra où il était chef de la maintenance informatique. Je lui ai apporté mes compétences en administration au sein de Sharlyoung. Dans le même temps, j’ai approfondi mes connaissances en informatique et en technologie de l’informatique, en particulier. L’actuel directeur adjoint de la société Telco SA, Karim Attoumani, le frère de Farouk, m’a apporté son soutien dans le monde du web.

« Prendre son indépendance, c’est la meilleure des solutions pour les jeunes »

Azhar Bacar

A cette période, j’ai aussi connu un ami diplomate de l’Union africaine. Le réseau est important pour réussir. Je lui ai montré un vieux projet Power-Point datant de 2006 pour la création d’une start-up. Le feeling est tout de suite passé. Il m’a trouvé des collaborateurs.

En tant qu’autodidacte est-ce un challenge ?

A l’époque, c’était davantage un combat, le combat du savoir et de la survie. Il n’y avait pas de concurrence dans le domaine dans lequel j’opère. Aujourd’hui, c’est devenu davantage un challenge, effectivement, pour se faire sa place.

Pourquoi le numérique ?

Le monde est en plein transformation et le numérique en est le moteur principal. Comme je l’ai dit avant, je tiens beaucoup à mon indépendance dans tous les domaines de la vie. Aujourd’hui, j’ai lié travail et passion. Pour moi, c’est un rêve qui se réalise.

En juin 2019, vous avez participé au World summit Awards arab digital innovation forum, au Liban, qui récompense les meilleures starts-up numériques au monde. Qu’est-ce que cela vous a apporté en tant qu’entrepreneur ?

Ce forum est un concours de renommée internationale sur l’innovation en contenu numérique qui a un impact sur la société dans l’espace arabe. En tant qu’entrepreneur, ce fut un honneur pour mon agence d’être choisie pour représenter les Comores. C’est un encouragement par rapport à ce que nous faisons. Et je peux vous assurer qu’il y a un grand espoir quant à la position de notre pays dans le numérique. Même s’il manque un soutien concret des décideurs politiques.

On peut dire que vous avez réussi ?

Mon agence est classée parmi les starts-up innovantes dans le monde arabe, en particulier aux Comores. A l’occasion du forum arabe sur l’innovation numérique, j’ai été promu jeune ambassadeur du World summit Awards. Je suis désormais membre du réseau mondial des professionnels du numérique du WSA. Nous sommes une soixantaine issus de tous les continents. Mon rôle est de sensibiliser les jeunes de moins de 26 ans en les incitant à créer du contenu numérique afin d’atteindre les Objectifs du développement durable (ODD) des Nations-Unies à l’horizon 2030.

En octobre 2019 a eu lieu, aux Comores, le premier salon numérique. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

L’organisation de ce salon est un signe de départ vers le changement et la transformation de l’environnement économique de notre pays. L’idée en soi est encourageante et soutenable. Maintenant, il reste aux organisateurs de comprendre l’importance d’impliquer les bonnes personnes ressources et de s’ouvrir au monde pour faire appel à des experts du domaine, partager l’expérience de certains pays qui sont beaucoup plus en avance.

Que conseilleriez-vous aux jeunes qui hésitent encore à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

L’entrepreneuriat, c’est la vie. Hésiter à se lancer, c’est comme hésiter à vivre. Nous n’avons pas le choix. C’est aussi faire ce qui te plait le plus, réaliser tes rêves, améliorer ta vie en prenant ton indépendance.

Par contre, se lancer dans l’entrepreneuriat collectif demande de la patience, de la persévérance et des moyens. Diriger une entreprise, c’est d’abord un état d’esprit, une façon de vivre parfois déplaisante. Il faut accepter de laisser de côté ses loisirs, de dormir souvent tard et se réveiller toujours tôt. Il faut abandonner la place publique et autres conforts pour se concentrer sur son investissement.

Dernier conseil avant de vous lancer, choisissez bien votre équipe, choisissez bien votre famille.

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