Pour imaginer ses chaussures, Abi Ibrahim travaille avec des stylistes locaux spécialisés dans les vêtements de cérémonie.
Profitant de l’argent qu’il a reçu en cadeau après son baccalauréat, le Comorien Abi Ibrahim, 24 ans et étudiant en première année de droit à l’université, a créé son entreprise de fabrication de chaussures traditionnelles.
A 24 ans, Abi Ibrahim n’a pas de temps à perdre. L’étudiant en première année de droit à l’université des Comores est aussi le patron d’une entreprise de fabrication de chaussures traditionnelles.
Orphelin de père lorsqu’il avait un an et demi, Abi, qui vit à Ikony, aime travailler avec ses mains. Les chaussures traditionnelles sont sa passion. Aujourd’hui, le jeune homme vend des chaussures dont la plupart sont commandées à l’occasion des grands mariages.
Il a participé au forum « La réussite au féminin », organisé pendant deux jours, les 8 et 9 août, au Retaj Moroni hôtel, où il a présenté ses créations. Une fabrication 100 % Made in Comores.
Abi Ibrahim est le dernier d’une fratrie de sept enfants. « En sixième, j’ai commencé à faire le cordonnier du quartier, raconte-t-il. Je me suis perfectionné en cinquième, grâce à Baba, un ami qui a vu du potentiel en moi et qui m’a porté un intérêt. Je dirais qu’il m’a envoyé de force chez Youssouf Mmadi, le fabricant de chaussures d’Ikoni. C’est lui qui m’a appris à les confectionner. »
Pendant deux ans, il suit son apprentissage en parallèle de ses cours. Une période difficile durant laquelle Abi Ibrahim n’a pas compté ses heures. Mais pour sa famille, il était hors de question de lâcher l’école. D’ailleurs, aujourd’hui encore il peut compter sur elle. Au forum, il est venu accompagné de l’une de ses sœurs, Hamida.
Abi a dû patienter pour concrétiser sa passion, la rendre réelle, entreprendre. Il lui a fallu attendre cinq ans, jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. « Je savais que si j’obtenais mon bac, j’allais recevoir beaucoup d’argent comme cadeau », dit-il. Abi a partagé sa cagnotte en deux : une partie a servi à fêter son diplôme avec ses amis ; l’autre, il l’a investie dans sa fabrique de chaussures. « J’ai loué une maison, je me suis installé avec mon matériel et j’y travaille sérieusement sans pour autant délaisser mes études. En général, je ne travaille que les week-ends et les vacances. »
C’est lors des grands mariages, qu’Abi fait le plus de ventes et donc de chiffre d’affaires. Mais il lui arrive souvent d’en fabriquer sur commande. Pour mieux écouler sa production, il a trouvé la parade : travailler avec les couturiers de la place. « Vu que sont des chaussures traditionnelles que l’on met en général lors des grands mariages, je me suis dit que le mieux était de trouver des personnes qui confectionnent des habits d’apparat qui collent avec mes chaussures. »
Abi Ibrahim, entrepreneur et étudiant aussi. En droit. Car après sa licence, le jeune homme souhaiterait exercer également dans les relations internationales.
Même si à cause du coronavirus – qui a entraîné l’interdiction des grandes manifestations comme les mariage – les ventes ont diminué, Abi Ibrahim reste positif : « Mieux vaut prévenir que guérir. » Plus que jamais, il continue de nourrir l’ambition d’exporter la tradition comorienne dans d’autres pays. Avant, il devra trouver un nom à son entreprise.